Laisser partir...

J’ai  toujours eu du mal à laisser partir les gens.

L’amour n’a rien à voir là dedans, puisque je m’évertuais aussi à garder autour de moi les amis, copains, connaissances…

A partir du moment où je laissais quelqu’un entrer dans ma vie, rencontre fortuite ou non, je demeurais persuadée qu’il était arrivé sur mon chemin pour une bonne raison, et devait y rester.

Mais, la vie, tout comme le cœur, a ses raisons, et je ne pense pas que l’on puisse, ni que l’on doive, garder tout le monde autour de soi.

On ne peut pas garder dans notre vie toutes les personnes croisées un jour. Il y a quelque années, lorsque j’envisageais, fatiguée, de faire du « tri » dans mes relations, qu’elles quelles soient, la vie s’en est chargée pour moi, et grand bien m’en a fait !

Alors oui, j’ai un tempérament nostalgique, et ce n’est pas pour cela que certaines personnes ne me manquent pas, ou que je vais arrêter de penser à toutes ces anciennes personnes, qui ont un jour fait partie de ma vie, du jour au lendemain, mais, avec mon caractère et ma façon de faire (que j’essaie de revoir et corriger depuis), je m’étais épuisée.

Je m’étais épuisée à vouloir régulièrement prendre des nouvelles de tous, à écrire à tous, à penser à  tous au moment des fêtes, à n’oublier personne lors des anniversaires, c’en était devenu une charge mentale en quelque sorte et en plus, c’était souvent sans retour, selon les personnes.

Vous me direz, ce genre d’attitude empêche les questions et offre des réponses toutes faites : dois-je me battre pour conserver ce lien si je suis la seule à le vouloir ? Si l’autre en face « se laisse vivre » dans notre amitié/relation ?

Je pense qu’à une époque, même sans réciprocité en face, j’étais tenace et j’avais la foi en quelque sorte, du coup la démarche ne me pesait pas. Je m’étais toujours dit que si un jour je me mariais, tous ces gens seraient heureux pour moi, et je serai heureuse de les savoir heureux pour moi, ou autour de moi ce jour là.

Pourquoi les liens sont-ils, ou deviennent-ils parfois unilatéraux ? Quelles en sont les raisons ?

La méchanceté n’est pas une explication la plupart des cas, l’égoïsme l’est parfois, mais surtout, je dirai que c’est la vie qui se charge de séparer et/ou d’éloigner les gens. Tout le monde court, il faut jongler avec les emplois du temps respectifs pour arriver à se voir, tout le monde a des agendas chargés mais d’autres encore plus, surtout à la période où les amis commencent à se marier et procréer.

Attention, ce billet n’est ni une complainte pour dire que j’ai pu être abandonnée ou délaissée, ni un manifeste contre les amis mariés et parents. A ce stade du billet, il me parait important de faire cet éclaircissement.

Mais en fait, les liens, toxiques ou non, que l’on cultive, sont aussi parfois faits pour être, à un moment donné rompus. Lorsqu’on le peut, lorsqu’on est prêts, ou encore lorsqu’on le doit.

Pourquoi alors ne doit-on pas garder tout le monde autour de soi ?

Une des premières raisons qui me vient est que, si l’on a le cœur assez grand pour aimer tout le monde, on ne dispose pas du temps matériel pour voir tout le monde, ou écrire/téléphoner à tous, à une époque où l’on passe nos vies à courir, et où, selon moi, le temps libre est devenue la plus rare des ressources, et la plus grande des richesses.

Alors, vous me rétorquerez peut-être, mais quand on veut, on peut, et moi la première, je clamais toujours haut et fort que l’on peut toujours trouver un moment perdu dans une journée (transports en commun, salle d’attente du médecin, pause repas, pause cigarette pour les fumeurs) pour envoyer une pensée à un ami. Mais dans ce cas, si nous on y arrive, si nous on peut le faire, pourquoi pas l’autre en face ? On en revient donc à l’épuisement et la non-réciprocité.

Ensuite, dans le lot, il y a parfois des gens toxiques, des gens qui vous fréquentent par intérêt, d’autres qui ne se rappellent de vous que lorsqu’ils ont besoin d’obtenir de vous quelque chose, ceux qui vous tirent vers le bas (soit dit en toute objectivité, et sans complexe de supériorité aucun), ceux avec qui, au fond, vous ne partagez plus grand-chose, ceux qui vous ramènent sans cesse à un passé que vous ne voulez pas revivre, ou, enfin, ceux liés à une activité que vous ne pratiquez plus, activité qui était le principal sujet de conversation et de partage entre vous.

Au fond, on pourrait envisager les relations (dans l’acception large du terme) comme un fil. Il serait tendu par défaut, puis pourrait s’effriter, s’effilocher, s’emmêler, ou encore se rompre, tout simplement.

Si le fil, par la volonté de deux parties, reste tendu, les deux ont tout à y gagner ; si par contre, il se rompt par manque d’investissement de l’autre, vous serez déçu, triste, temporairement, mais n’aurez rien perdu au final.

Vous trouverez peut-être le ton de ce billet dur et détaché, mais il m’en a fallu du temps pour arriver là, prendre des décisions en terme d’humain, laisser partir, accepter les départs, me détacher, et parfois, être laissée sur le bord du chemin.

Aujourd’hui, en trois ans, j’ai fait du tri dans mes relations, avec l’aide de la vie, j’ai  laissé partir certaines personnes, j’en ai rencontré d’autres, laissé d’autres entrer dans ma vie.

Je ne suis pas restée figée sur les déceptions imposées par certaines personnes et je suis toujours capable d’accorder ma confiance quand l’autre en face s’en montre digne.

J’ai essayé de ne garder que le meilleur des ces relations aujourd’hui anciennes ou éphémères, et de rester sur le positif et les bons souvenirs quand il y en a. Lorsque par contre ce n’est pas le cas, je me suis appliquée à occulter totalement l’existence de la personne, et son passage à un moment donné dans ma vie.

Je conclurai en vous citant une phrase que j’aime beaucoup, et que l’on doit garder à l’esprit, même si elle est plus facile à dire qu’à mettre en œuvre : « aimer quelqu’un , c’est le laisser partir »…

Surtout quand on a échoué à le retenir, ou que l’on s’est épuisé sans succès à essayer.