vendredi 12 octobre 2018

C'est pas l'homme qui prend le livre, c'est le livre qui prend l'homme !

Chaque année, le premier ou deuxième week-end de Septembre, je participe, en tant que bénévole, au Salon des Ecrivains en Provence.
Hormis une année où je n'ai fait qu'une des deux journées (j'avais l'anniversaire de mon filleul l'autre jour), je ne rate jamais ce rendez-vous !

Il s'agit du salon du livre organisé par le petit village de Fuveau.

A mes yeux, il est plus réputé, et vaut plus la peine que celui d'Aix.
J'y suis plus précisément "hôtesse-relais" (je vous détaillerai en quoi consiste exactement cette fonction plus tard dans le billet).

A l'origine, j'avais connu ce salon via un ami de mes parents, journaliste à La Provence, enseignant en primaire, et qui m'avait accessoirement fait réviser mon bac de philo (j'avais eu une bonne note à ma copie du bac grâce à lui, contrairement au reste de l'année…).

Cette année, j'y étais, bien sûr, et c'était ma 18e participation ; en quelque sorte, on peut dire que j'ai grandi avec le salon…

Le salon représente une machine monstrueuse, en termes d'organisation et de logistique !
Je ne sais pas exactement combien nous sommes de bénévoles, mais c'est le village tout entier qui semble mobilisé ce week-end là !
Il faut accueillir les auteurs sur le salon du livre même, aller les chercher à la gare ou à l'aéroport pour certains, les convoyer du salon à l'hôtel le soir, les ramener à la gare ou à l'aéroport le dimanche, et plusieurs bus font également les navettes afin de transporter tout ce petit monde au lieu du déjeuner les deux jours, et les ramener ensuite, repus et heureux, sur le salon.
Des bénévoles s'activent partout : à la Grande Bastide, où a lieu le repas du midi ; et sur le salon, organisé autour de deux espaces distincts : littérature jeunesse, et littérature adulte.

Chaque année, j'y croise des collègues de boulot, des connaissances, des anciens camarades de ma promo de l'IUT Métiers du Livre, et bien sûr, j'y retrouve avec plaisir les fidèles, les irréductibles, qu'ils soient bénévoles ou auteurs !
Avec certains, j'ai noué de vrais liens, il y a notamment un auteur qui est mon voisin dans la vie de tous les jours, et avec qui je covoiture pour les trajets depuis deux ans.
Pour l'anecdote, et parce qu'encore une fois le monde est tout petit, sa mère était ma prof d'anglais pendant deux ans au collège ; elle m'a laissé un souvenir impérissable aussi bien de sa personne que de sa matière, qu'elle enseignait fougueusement, presque amoureusement je dirai !
Et j'ai souvent le plaisir de la recroiser lors de cet évènement, ou alors de l'avoir au moins quelques minutes au téléphone, ce qui est toujours un bonheur !
Si les élèves de la nouvelle génération n'étaient pas aussi durs à mater, j'aurai sans doute fait prof d'anglais!

Il y a aussi tout un groupe d'adorables vieilles dames, des mamies le temps d'un week-end, que j'ai plaisir à retrouver à chaque fois. Il y en a une que j'aimais tout particulièrement, mais elle n'est plus là malheureusement...
Et bien sûr, il y a mes complices relais ! Je citerai notamment Cassandra, sa sœur Alyssa, Lisa, Ludo, et ceux qui ont compté par le passé : Flora, Jean-Baptiste, Guillaume, Françoise, Virginie, Elise...

A chaque édition, le salon a un parrain (un des auteurs invités), et met en avant un pays. Cette année, c'était la Roumanie.
Le Salon se tient en vérité sur quatre jours : les jeudis et vendredis se déroulent tout un tas de conférences, expositions, débats, ou autres dégustations de mets du pays invité. Ensuite, les samedis et dimanche, ce sont les livres qui prennent toute la place, sur le cours principal.
Certains auteurs sont là les deux jours, d'autres seulement l'une des deux journées, le programme est à consulter afin d'être sûr de ne pas manquer son auteur préféré !
Parmi les auteurs, on trouve des écrivains nationaux plus ou moins connus, d'autres plutôt locaux, ou "du terroir", mais aussi, des "people" !
Ainsi, on a pu voir défiler, au fil des ans, Richard Bohringer, PPDA, Franz-Olivier Giesbert, Véronique Genest, ou encore, plus récemment, Thierry Beccaro, Daniel Prévost, Claude Serillon et Charlotte Valandrey.

Ces gens de télé écrivent aussi (eux-mêmes ?..) des livres, Souvent sur leur vie. Et souvent, la population se presse afin de voir si ledit people "a la même tête qu'à la télé" !

Pour y accéder, vous devez traverser la foire de la Saint Michel, évènement associé, petit marché sympathique, sur lequel vous croiserez artisans et jolies bestioles !
Lors de mes premières participations, j'arrivais trop tôt le matin, les stands n'étaient pas montés, et je partais trop tard le soir, ils étaient démontés. Depuis l'an dernier, j'ai eu la chance de voir enfin cette petite foire, et je dois dire que remonter cette avenue pour rejoindre le salon du livre met l'eau à la bouche !
Au programme, étals de saucissons, charcuteries, fromages de pays, barbe à papa, churros, confitures et autres pâtisseries artisanales !
Bon c'est vrai, il y a aussi des animaux, des bijoux, des savons et de la maroquinerie mais bizarrement, ce n'est pas ce qui marque le plus ma mémoire d'incorrigible gourmande !
Pour revenir au salon, et vous expliciter un peu ma fonction. Je suis donc "hôtesse-relais", ce qui signifie que je vais installer les auteurs à leur arrivée sur le stand, et tout au long des deux jours, circuler parmi eux, afin de m'assurer qu'ils ne manquent de rien : réassort en livres, sacs, marques-pages, eau, café, répondre à leurs questions s'ils en ont, ou les rediriger vers le bon interlocuteur si je n'ai pas leur réponse.


Les "hôtesses d'accueil", elles, sont les personnes (hommes ou femmes, mais majoritairement femmes quand même ^^) qui vont rester assis aux côtés de l'auteur et réaliser ses ventes, une fois le livre dédicacé par ses soins. Ils seront responsables de la caisse et des encaissements, ils tiendront les comptes.


Je l'avais fait une année, l'un des deux jours, mais je n'avais pas aimé, et n'avais pas souhaité renouveler l'expérience.
J'étais tombée aux côtés d'un auteur jeunesse très sympathique (Clotilde Bernos), mais la journée m'avait parue très longue, vu que l'auteur n'avait fait que peu de ventes ; de plus, je ne suis pas forcément à l'aise dans la manipulation des chiffres, et l'exercice  avait eu un côté périlleux, pas évident du tout pour moi).
Donc relais je suis, et relais je resterai !
Je me souviens que la première année, à la fin des deux jours, j'avais même du mal à marcher, et mon père m'avait presque portée sur la longue avenue, avant de m'écrouler le soir, les pieds hors-service dans un bain de pied.
Depuis, j'ai appris à le prendre plus cool, et à déléguer un peu. Mes pieds s'en sortent mieux, attention toutefois à prévoir de bonnes chaussures pour ceux et celles qui seraient tentés par l'expérience après avoir lu ce billet !

Et c'est justifié, car je fais cruellement grimper la moyenne d'âge au sein des relais, je suis l'une des plus vieilles !

Donc, une fois le t-shirt de l'évènement enfilé, le badge à mon nom épinglé sur la poitrine, et les auteurs installés, la matinée est lancée !



A partir de là, on fait surtout de la veille jusqu'à l'heure du déjeuner, et on répond aux demandes et sollicitations diverses.

Certaines sont parfois farfelues : aller acheter une boisson au bar, aller acheter une certaine marque d'eau minérale, voir même, une année, aller faire les courses de rentrée (fourniture scolaire) pour la fille de l'un des auteurs...


Une fois la matinée terminée, on part prendre un bus qui nous emmènera sur le lieu prévu pour le déjeuner.




Une fois arrivés à la Grande Bastide, nous prenons place à nos tables respectives, sous les platanes (souvent, on mange entre relais mais par le passé, j'ai pu déjeuner avec des auteurs ! ).




Le samedi, on prend l'apéritif avant de rejoindre sa table, et un petit kir royal est toujours le bienvenu !



Ensuite, c'est une formule buffet, mêlant spécialités provençales à faire découvrir aux auteurs, et spécialités culinaires du pays invité.



Le dimanche, retour dans le même lieu, où nous serons cette fois servis à table, et je peux vous décrire de tête le menu, qui ne varie que très peu chaque année, et est au contraire resté sensiblement le même : fleur de courgette farcie en entrée, une viande et sa ratatouille, ou son écrasé de pomme de terre en plat, chèvre à l'huile d'olive et normalement, glace à la lavande et sa tuile, ou parfois, une pâtisserie plus classique (paris-brest, ou saint-honoré).

Le samedi, en temps normal, on peut déguster un délicieux brie au raisin, qui nous a été interdit cette année, gâchant par là une bonne part du plaisir que je prends à participer à l’événement !

Fuveau sans le brie au raisin, ce n'est plus Fuveau, non mais de qui se moque-t-on !

J'ai souvent amené des amis à participer à la manifestation avec moi : Anne-laure, Sylvie, Aurélie, Thomas. Ou je m'en faisais de nouveaux sur place : François, Morgane, Cassandra, Alyssa, Lisa, Guillaume...

Pendant le salon, je croise aussi la famille. En général, mes parents viennent toujours y faire un tour, et il n'est pas rare que l'un ou l'autre m'offre un livre que j'aurai repéré en réserve...

En guise de récompense, on nous invite quelques jours plus tard à un apéritif de remerciement conviant tous les bénévoles.

A une époque, un livre d'or était présenté lors de cette occasion, retraçant les témoignages des auteurs ayant participé au salon. Depuis quelques années, il n'existe plus, et je trouve cela dommage !

les auteurs étaient toujours très positifs et reconnaissants dans leurs remerciements, ravis du salon et de l'accueil qui leur étaient réservés !

A plusieurs reprise, j'ai eu des auteurs qui ont cité spécifiquement mon nom dans les remerciements (petite pointe de fierté que je ne cherche pas à dissimuler^^).




L'un d'eux, une année, m'a même offert en remerciement l'un de ses livres !

Les premières années, j'étais (jeune) pas mal intimidée par les auteurs, ce qui m'est passé au fil des ans, en en côtoyant certains régulièrement.

Ce ne sont, au final, que des gens comme vous et moi, mais qui ont la chance d'avoir une belle plume (pour certains) et d'en vivre (pour certains autres).


Pour citer quelques uns des auteurs que j'ai pu croiser lors de ce salon : Susie Morgenstern, Frédéric Beigbeder, François d'Epenoux, René Frégni, David Foenkinos, Jean-Paul Delfino, Serge Scotto (et feu son vieux complice Saucisse), Maurice Gouiran, Gilles Del Pappas...
En bref, Fuveau, c'est avant tout à présent un évènement familial, convivial, chaleureux, ensoleillé (la plupart du temps). C'est le dernier week-end de vacances à mes yeux, même si j'ai déjà effectué ma rentrée, ce week-end-là, même si je travaille comme bénévole, a des airs d'été persistant, et comme un petit goût de reviens-y…
A chaque fois, ce salon est un bonheur renouvelé, mais pas que. L'occasion aussi de se dire que le temps a filé très vite, qu'un an s'est écoulé déjà, et qu'on n'a malheureusement pas réussi à se voir en dehors, comme on se le promet chaque année !
L'an prochain, le salon fêtera ses 30 ans d'existence ! Le pays invité n'a pas été défini, mais sont pressentis la Belgique, ou l'Islande !

Malheureusement, le lancement du salon de l'an prochain s'accompagne de rumeurs disant que le salon pourrait bien vivre là ses dernières heures (rumeur qui normalement ne m'inquiète pas car on l'entendait souvent par le passé), et que cette 30e édition pourrait peut-être être la dernière, vu que les principaux membres organisateurs se retirent - après des années de fidèles et loyaux services.

Ils ont "fait leur temps" (estiment-ils), et souhaitent passer le relais, mais la relève existera-t-elle ?...

J'espère participer au salon l'an prochain à nouveau, et le faire découvrir à Chéri !

PS : en guise de PS à cet article, je vais joindre la petite lettre culturelle "Arts et Week-end" que j'avais crée au boulot en 2009, car j'avais parlé de Fuveau une fois...






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