jeudi 19 juin 2014

Le Bonheur ne tient qu'à un fil...

Hier soir, je suis allée au cinéma avec une amie voir "La Liste de mes envies".



L'an dernier, nous avions toutes lu le roman éponyme de Grégoire Delacourt au café lecture que je fréquente, et il avait sacrément fait parlé de lui, donnant lieux à des débats parmi les plus animés qu'on ait pu voir ! 

J'ai bien aimé ce film ! 

Je ne me souvenais que des grandes lignes de l’histoire, que j'ai donc redécouvert.

Le pitch ? Jocelyne (Mathilde Seigner) est une femme qui mène une vie simple à Arras. Elle est mariée à Jo (Marc Lavoine), qu'elle aime profondément, ils ont deux enfants, peu de moyens, elle tient une mercerie, "Les Dix Doigts d'or", sort avec ses amies esthéticiennes, les jumelles qui ne se ressemblent pas, Danielle et Danielle (campées par les humoristes Frédérique Le Bel et Virginie Hocq) (non non vous avez bien lu, il n'y a pas d’erreur, les jumelles portent le même prénom toutes les deux, preuve que l'on peut tout se permettre au cinéma et en littérature ; )), elle s'occupe de son père à la mémoire défaillante (Patrick Chesnais), et cela suffit à son petit bonheur, comme elle dit.

Elle donne beaucoup aux autres, est très intègre,et se préoccupe très peu d'elle-même.

Deux événements vont se produire dans sa vie. Le premier est le blog que sa fille va lui créer pour sa boutique, qui va accroître la notoriété et la fréquentation de son commerce. Le second est sa participation au loto, entraînée par les jumelles, qui sont fans, accros et jouent en creusant les probabilités et "écoutant les chiffres".

Jocelyne va gagner un peu plus de 18 millions au loto. Et jusqu'au dernier moment, elle ne va pas aller réclamer son dû. Elle a peur.

Elle a peur du changement, peur que les gens la rejettent, ne la voient plus de la même façon, peur de perdre son petit bonheur qui lui convient si bien.

Lorsqu'elle monte à Paris chercher son chèque à la française des jeux, rebaptisée pour l’occasion "EDJ", il y a une scène très drôle lorsqu'elle rencontre la psychologue ( l'inénarrable Julie Ferrier). Celle-ci la prévient que cet argent est à la fois une chance et un grand malheur, et qu'elle risque de devenir très aimée...Rien d'inventé, puisque je crois qu'effectivement, les gagnants du loto ont droit à un suivi psychologique.

Rentrée à Arras, Jocelyne ne dira rien. Elle ne dira rien à son mari, ni à ses enfants, ni à ses amis. Elle continuera à mener son petit train quotidien, et se contentera de sa routine, entre sa mercerie, son père, son blog, son mari qu'elle soutient dans sa carrière professionnelle, et ses enfants sur qui elle veille. Auparavant, elle aura pris soin de cacher le chèque : d'abord au sein des pages d'un roman (le pavé "Belle du seigneur", d'Albert Cohen, que je vous conseille en passant, très beau livre, quoique difficile), puis sous la semelle d'une de ses chaussures, dans le placard, finalement.

Et parallèlement à cela, elle entamera une "liste de ses envies" (d'où le nom du roman et du film).Elle noircira les pages d'un carnet d'envies aussi futiles qu'indispensables, de choses nécessaires, et d'autres moins, de caprices et de renouveau.

Mais ce nouveau départ potentiel ne lui sera pas accordé car un jour, Jocelyn va chercher la chaussure dans la placard, et le chèque a disparu, en même temps que son mari, soi-disant parti en stage professionnel...

Je ne raconterai pas la suite et ne dévoilerai pas non plus la fin de l'histoire.

Je vous dirai seulement que ce film est plein de tendresse,et d'humanité.Il nous interroge sur des tiraillements émotionnels, et aborde la question de sentiments humains complexes, et de choix. Il parle bien sur aussi de la peur du changement, et de tout ce qu'il entraîne. Il raconte également une vie brisée, une confiance trahie, une femme meurtrie.

Pour l'anecdote, je vous préciserai que si le livre avait donné lieu à un débat si houleux au café lecture, c'est que la plupart des femmes de l'assemblée présentes ne comprenaient pas qu'elle n'ait pas encaissé ce chèque, afin de gâter ses proches et se faire plaisir, et qu'au lieu de cela, elle choisisse de se complaire dans sa petite vie si modeste. D'autres, au contraire, comprenaient les peurs qu'elle pouvait éprouver à l'idée de ce bouleversement dans sa vie, qui viendrait remettre en cause tout ce qu'elle avait connu jusque là.

Pour revenir au film, suite à sa triste découverte, Jocelyne, anéantie, devra se relever et réapprendre à vivre, suite à un dénouement final tout de même inattendu.En cela, elle sera aidé par le délicat Julien Boissellier, que j'avais découvert et adoré dans "J'me sens pas belle".

Trois phrases qui m'ont touchée, car très vraies, et que je retiendrai de ce film, que je vous encourage à aller voir : 

"Je suis aimée mais je n'aime plus"
"Je ne l'aime pas comme je l'aimais lui"


"Dans la vie, on n'aime jamais deux fois pareil. Mais on avance, bien obligé"

...

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