J’ai longtemps adoré Noël ! Rien d’original jusque-là,
c’est sans doute le cas de la plupart des gens sains d’esprit… Aucun accroc
entre cette période et moi, c’était l’entente parfaite !
Cette ère de l’année était pour moi synonyme de nombreux
bonheurs à venir, de joies inattendues, de surprises en tous genres, et de
réunions familiales.
A l’époque, c’était aussi la seule fois de l’année où je
voyais ma famille parisienne : mon parrain, sa femme, puis mon cousin, et
enfin ma cousine, qui étaient gaiement venus agrandir le cercle familial. ;
)
Grandes tablées, fous rires, friandises ( à l’époque, je ne me
préoccupais pas tant de faire un régime), chacun poussant sa chansonnette, ou y
allant de son poème ou de sa blague en fin de repas, c’était la famille au
complet, c’était magique, c’était Noël !
Ne nous mentons pas : Noël est sans doute la plus belle
et la plus attendue des fêtes de l’année lorsque l’on est enfant : on est
gâtés, c’est un peu comme un second anniversaire dans l’année ! On était même couverts de cadeaux à l’école je
me souviens : un spectacle de Noel, dans lequel souvent on devait se
fendre d’une chanson qu’on avait mis une plombe à apprendre lol (et qui serait
de toute façon applaudie par tous les gens de la salle auxquels on a pu briser
un tympan ce jour-là ; ) ), un joli cadeau (souvent poupée pour les
filles, voitures pour les garçons), et un colis gourmand (un peu comme pour
les vieux, mais avec des trucs à mâcher dedans lol ) : on se voyait ainsi
remettre un sac rempli de chocolats, de clémentines, de papillotes, de trucs
durs ressemblant à de la guimauve, des trucs en sucre de couleur je crois, et l’inévitable
papa Noël en chocolat, avec parfois aussi des pièces en chocolat. ! Avec
mes sœurs , on avait aussi un troisième Noel, après celui à l’école et en
famille, c’était celui du travail de mon père. Là encore, cadeau, spectacle et
un sachet gourmand, avec un truc dont j’étais et je suis toujours grande fan :
les cigarettes en chocolat ! Le chocolat de ces cigarettes a un goût unique
que j’adore , au lait, peu fort en goût, miam !
Je me souviens qu'une fois enfant, la préparation de l’arbre,
en famille, un samedi après-midi je crois, avait pris des allures de fêtes :
chants de Noël en fond, ma mère avait fait des crêpes, et nous déballions les
décorations de Noël tous ensemble, tous les cinq, avant de choisir lesquelles
allaient finalement parer l’arbre…
Alors comment se fait-il qu'aujourd’hui, je n’ai qu’une hâte,
que les fêtes soient terminées, que l’on passe à autre chose, que l’on entame
une nouvelle année et que l’on en parle plus ?! Que ce Noël supplémentaire,
accompagné de son lot d’hypocrisie dû à l’époque, où tout le monde se doit d’aimer
tout le monde et de sourire en permanence (du moins, j’ai l’impression que c’est
ce que la société attend de nous) soit enfin derrière moi ?
Est-ce dû au jour où j’ai appris, par une adorable gaffe de mon
grand-père, que le Père Noël n’existait pas ? Hum, non , je ne crois pas, j’étais
en cours d’école primaire et je soupçonnais déjà la supercherie. Et puis, quand
je l’ai compris, ma mère m’a prise à part et m’a parlé en me traitant en
adulte, en m’expliquant que moi j’étais au courant mais que je ne devais rien
dire à mes petites sœurs, c’était un peu comme si du coup j’étais détentrice d’un
pouvoir, et d’un secret, que je partageais avec ma mère et le reste des
adultes, en cachette de mes sœurs. Je me suis sentie grandie d’un coup. Peut-être
était-ce là le premier pas vers la sortie de l’enfance ? Qui sait ?
Mais cela ne m’en a pas fait aimer moins Noel ?
Est-ce dû au fait que les petites assemblées ont peu à peu
remplacé les grandes tablées ? Au fait que même si on pense très fort à
eux toute l’année, c’est LA période de l’année où tous les absents nous
manquent particulièrement ? J’ai toujours à Noël une pensée émue pour mon
grand-père paternel, que je regrette de ne jamais avoir connu ; une autre
pensée pour mon oncle et ma tante que j’adorais ; une autre enfin pour ce
parrain que j’aurai rêvé d’avoir…Entre les décès qui ont emporté les êtres
chers, les querelles qui en ont éloignés certains, le divorce qui a achevé de scinder
le peu de famille qu’il restait en deux, où est cette grande famille que j’ai
toujours rêvé d’avoir, que j’ai eu un moment, et dont on me prive à présent ?
Est-ce dû au divorce de mes parents ? Hum, on attaque
là on gros morceau. Mes parents ont divorcé un peu avant mes vingt ans,
annulant du coup la grande fête d’anniversaire dont j’ai toujours rêvé et que
je pensais enfin avoir. Mais bon, je comprends aisément, il y avait bien d’autres
choses plus importantes et tout le monde avait la tête ailleurs. Ce divorce,
donc, que je pensais avoir digéré, et qui m’a sauté à la figure l’an dernier,
me montrant qu’il n’en était rien, et que la douleur et la tristesse était
toujours bien présentes…
Je dirai que le divorce, c’est ce qui a commencé à donner
une tournure moins joyeuse pour moi aux fêtes de Noël. D’un côté ou de l’autre
de la famille , selon moi, il manquait toujours quelqu’un.
Heureusement, pendant le divorce, j’étais en couple avec
quelqu’un, qui m’a aidé et soutenu durant cette épreuve. Et lui étant un grand
enfant, et un fan inconditionnel de Noel, il a réussi à préserver un peu de
cette magie pour moi, à me la faire retrouver, lorsque nous étions tous les
deux, ou dans sa famille, qui était devenu un peu la mienne, et un refuge. Ainsi, de marché de Noël en
villages de Noël que nous ne rations jamais, j’étais couverte de cadeaux, de
petites attentions, de bons moments surprenants, et le temps passait gaiement,
j’avais un peu retrouvé de l’insouciance de mon enfance, tandis que je bravais
avec le sourire le froid hivernal, ma main dans la poche de sa veste…
Aujourd’hui, ce couple sur lequel j’ai longtemps bâti mon
équilibre instable n’existe plus non plus.
Que reste-il donc de Noël à l’approche de ces fêtes de fin d’année
2013 ?
Eh bien je dirai que j’ai grandi. Suis-je devenue blasée ou cynique, je ne le
sais pas . Le fait de faire un arbre de Noël est devenu pour moi une corvée, et
l’on n’est plus du tout dans cette publicité mensongère dans laquelle une
parodie de famille idéale se goinfre de Kinder (pour ne pas citer la marque du
chocolat que j’adore pourtant) en faisant un arbre de deux mètres de haut dans
un salon ! Et encore ils se gavent de chocobons, mais y a quand même
quelqu’un qui sonne, comme si ce n’était pas suffisant, pour offrir aux enfants des maxi œufs, ou des petits. Qu’importe, on est loin des cinq fruits et légumes
par jour, et on comprend mieux alors l’augmentation massive de l’obésité
infantile avec ce genre de traitement : ) ! Jalouse, moi ? Totalement :
(
Pour conclure, je dirai que j’ai la nostalgie de mes Noëls d’enfant,
de mes Noëls d’avant. La sensation désormais perdu d’insouciance associée à cet
âge de la vie, et à cette période de l’année me manque. Je me souviens de ce
sentiment incomparable à nulle autre lors de la découverte des cadeaux au pied
du sapin le 25 au matin ! Le sourire, les yeux d’enfant sans doute grand
ouvert devant ce miracle alors incompréhensible…
Et je ne devrai pas être si amère car j’ai déjà reçu d’un
ami un très beau cadeau, personnel et personnalisé : on m’a offert un
calendrier de l’avent musical, pensé et composé spécialement pour moi ! Je
l’écoute, en découvrant chaque jour un morceau différent, et je souris en
pensant à la joie que cette attention me procure, et à mon émotion lorsque je l’ai
reçu. Je suis flattée que quelqu’un me porte une telle amitié, et je l’en
remercie ! Il me lis régulièrement, je sais qu’il se reconnaîtra ; ) …
Il n’a pas je crois chanté le sujet, mais s’il l’avait fait,
Brassens aurait sans doute dit : « Mais où sont les Noëls d’antan ? » ;
)